29/01/2015
JE FUS CHARLIE
Ils étaient si nombreux affrontant le pavé,
que la ville tremblait au pas de leurs semelles.
Et nombre de pigeons passaient à tire d'ailes
ne sachant décider quelle tête fienter.
Parmi la multitude au cœur de la mêlée,
on vit se côtoyer d'éminents dignitaire,
absents pour quelques heures des plateaux de télé,
ramenés au niveau du piéton ordinaire.
Du curé bedonnant à l'élu cravaté,
Tous juraient qu'un jour, ils avaient lu Charlie
aux toilettes, au coiffeur, en métro ou au lit.
Rigolant de bon cœur à ses méchancetés.
De joyeux dictateurs menaient le peloton,
bras dessus, bras dessous et la mine contrite,
oubliant un instant leurs ouailles déconfites
et quelques journalistes coulés dans le béton
Certains esprits ronchons paraissaient fort déçus.
Pas de la boucherie à l'arme automatique,
mais du manque à gagner au fond de leurs boutiques
où l'annonce des soldes passait inaperçue.
Le cortège funèbre était pourtant joyeux,
si quelques-uns pleuraient, c'était souvent de rire
d'imaginer Cabu au portail des cieux,
crayonnant l'hôtelier pour défier son empire.
Mais au bout de leurs pas, à la tombée du jour
un calvaire attendait les esprits fatigués.
De la boite à image et des ondes sacrées
jaillirent des experts comme autant de vautours.
Alors se transforma sous nos yeux ébahi,
l'esprit de liberté d'un peuple débonnaire,
en menace globale et dangers enfouis,
aux seuils de nos maisons, au milieu de nos terres.
Et cette liberté, autrefois défendue,
se racornit un peu sous les grandes annonces,
sensées nous protéger de ce mal absolu,
en clonant les képis comme unique réponse.
08:51 | Lien permanent | Commentaires (1)
Commentaires
Salut Vincent, toujours autant de talent - à Bientôt - Serge.
Écrit par : pages | 29/01/2015
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