25/11/2013
OPÉRA
Par dela les parois, le chant de la voisine
accompagne les nuits du quartier languissant.
Quand le temps est si chaud que les volets baillants
invitent à l'insomnie mieux que la cafeine.
Les ombres s'allongeaient que déjà les soupirs
avaient pris l'ascendant sur le chant des cigales
mais elle a su attendre le moment de dormir
avant de libérer son organe vocal.
Chacun retient son souffle attendant le sommet
qu'elle gravit lentement profitant des étapes,
en sourdine parfois à travers l'oreiller
dont le duvet soyeux connait bien les agapes.
Les parois de béton reverbèrent l'echo
qui donne aux soupirants l'impression d'être triple.
Comme si la maison portait la libido
de tous ses occupants quels que soient leurs mérites.
La fin du récital arrive crescendo,
et tout bon mélomane a l'oreille attentive.
Les accords sont serrés, parfois des trémolos,
ajoutent au phrasé une note excessive.
Et voilà l'explosion dans un registre aigu.
Le cristal a vibré jusqu'au fond des placards
applaudir à présent paraitrait incongru,
tant on ne souhaite pas encourager son art.
Un silence précaire engloutit le quartier.
traversé par le bruit d'un moustique repu
Alors du voisinage à travers les croisées,
des grincements suspects envahissent la rue.
11:25 | Lien permanent | Commentaires (0)
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